Si Syndrome #1 semble être un simple jersey imprimé aux couleurs fluos étonnamment harmonieuses, il a cependant été réfléchi – de sa conceptualisation à sa réalisation – comme une peinture, afin d’interroger le caractère sacré que l’on porte à la création artistique, de même que la mythification absolue de la figure de l’artiste.
Syndrome #1 est le résultat de réflexions de nature anthropologique et sociologique portant autant sur les « effets de mode » – dans la société ou spécifiques au monde de l’art –, sur la notion d’authenticité, sur la production de masse que sur la peinture – effets, techniques, son éventuelle valeur décorative, le style, le chromatisme, la typographie, la matière ou encore la composition.
Ici le sport m’importe peu ; il est simplement utilisé comme un témoignage d’un style vestimentaire actuel, un simple motif sociologique qui permet de projeter fantasmes et egotrips, tout en évoquant la sacralisation et l’héroïsation de figures tutélaires par leur mise en exergue sur un maillot. La culture populaire et la culture devenue élitiste s’entrechoquent de manière ambiguë. L’artiste, quasi héroïcisé, se mute en un objet mercantile.
Joseph Ferdinand Cheval, fils de paysan dont la seule gloire fut le labeur et la détermination, radicalement éloigné du milieu de l’art et de toute velléité marchande et dont l’oeuvre de toute une vie fut dénigrée pendant de longues décennies, est aujourd’hui devenu roi. Lui qui voulait vivre et mourir pour prouver que dans sa « catégorie il y a aussi des hommes de génie et d’énergie ».
L’emploi de son pseudonyme est aussi une réponse au fantasme de l’artiste, celui d’une création sincère et personnelle : le fantasme du Facteur Cheval.